François D'Haene
François D'Haene

Comment se préparer pour un ultra ?

Nous avons demandé à François d’Haene, superstar du trail running, comment se
préparer pour un premier ultra trail. Entre sessions d’entraînements et vendanges de
ses vignes, l’athlète Salomon a répondu à une douzaine de questions et nous a
donné ses conseils. Il gagne…souvent…donc si vous comptez faire un ultra, cela
peut vous intéresser.

Pour un coureur qui vise un ultra, quelles sont les distances d’entrainement ?

Cela va dépendre de son expérience passée et de son niveau d’entrainement. Evidemment, il va falloir accepter de passer quelques heures en montagnes et surtout voir comment réagit son corps sur des temps de courses très longs.
Personnellement pour un ultra de 20 heures environ, mes plus longues sorties sont autour
de 6-7 h et parfois j’enchaîne cela sur plusieurs jours consécutifs.

Quelles sont les différentes étapes de progression (en km) pour atteindre un niveau ultra ?

Le kilométrage ne veut pas dire grand-chose en montagne. Le dénivelé et la technicité du
terrain peuvent faire toute la différence. Le temps passé en montagne est beaucoup plus
significatif ainsi que les différentes intensités.
Nous sommes tous capables de faire une longue journée de 8 heures en montagne. Au
début en marchant quasiment toute la sortie, puis en courant de plus en plus, puis en
essayant de trottiner tout le temps. C’est là que va être la progression pour moi.

Quelle est la distance maximale que tu parcoures en entrainement pour préparer un ultra ?

C’est plus en termes de temps passé en montagne que je raisonne. Peut-être 10 ou 12
heures pour ma plus longue sortie. Mais le fait d’enchainer des sorties de ce genre est plus bénéfique que d’augmenter le temps de chacune d’elles.

François D'Haene - Credit Damien Rosso
François D’Haene – Credit Damien Rosso

T’entaines-tu par mauvais temps pour te préparer ?

Bien sûr! Ayant des enfants et une vie professionnelle, je m’adapte et je profite des
créneaux que j’ai. Cela apprend aussi à gérer son corps en conditions difficiles. Il faut
simplement continuer d’y prendre du plaisir, s’amuser et bien s’adapter.

Comment te prépares-tu pour la gestion de la nourriture et de la boisson ?

En essayant de comprendre les signaux de mon corps. En validant certaines expériences et en conservant ce qui a marché dans les aventures antérieures.
Mais cela fait plus de 12 ans que j’essaie d’améliorer la gestion de tout cela.

Est-ce qu’un coureur, qui participe à son premier ultra, doit se fixer des objectifs de timing précis sur des sections en course ?

Non surtout pas!! Il faut surtout qu’il voit la course dans sa globalité et qu’il s’écoute, se gère et pense juste à se ménager pour terminer. Par la suite il verra sur quels éléments il peut s’améliorer et envisager un objectif.

Est-ce qu’il y a des exercices préparant aux challenges d’ordre psychologique/mental qu’on rencontrera lors d’un ultra ?

Pour moi non. J’essaie de savoir pourquoi je veux faire telle ou telle course. De bien planifier et de choisir mes objectifs en début de saison et ensuite en fonction de cela je visualise ma préparation puis, ma motivation grandit petit à petit jusqu’à la course.

Un conseil pour gérer les moments de découragement pendant la course ? Quand le défi parait impossible ?

Il faut relativiser les choses. Se souvenir de la raison pour laquelle nous sommes là, pourquoi nous avons choisi d’être là. Se dire que ce n’est qu’un loisir, que notre fatigue est juste passagère et faire un peu d’autodérision sur notre état !

François-DHaene - Crédit Jordi Saragossa
François-DHaene – Crédit Jordi Saragossa

Est-ce que tu divises la course en segments pour que cela paraisse moins impressionnant et moins long ?

Oui je la divise en segments pour mieux la gérer mais je n’oublie jamais de l’imaginer dans sa globalité. Sinon on risque de s’enflammer un peu sur certaines portions !

En te remémorant ton premier ultra, quelle était la chose la plus difficile et comment as-tu surmonté cette difficulté ?

Cela me faisait peur, évidemment, donc je suis parti lentement avec pour seul objectif,
terminer la course. Ensuite il a fallu gérer des éléments que je ne connaissais pas,
l’alimentation, les crampes, la fatigue, les douleurs et les frottements dus à la longueur de
l’épreuve.

Comment utilises-tu tes entraînements pour préparer et tester ton matériel ?

J’essaie de conserver ce qui marche et de toujours bien tester en amont les nouveautés. La confiance dans le matériel est essentielle et primordiale. Quand je prends le départ d’un ultra j’ai besoin d’avoir une entière confiance dans tout mon matériel et d’être certain de sa performance. Pour cela nous travaillons beaucoup sur le développement, les prototypes, la personnalisation et les matériaux. C’est beaucoup de travail quasiment au quotidien mais c’est aussi très enrichissant.

Quel vin faut-il boire en préparation d’un ultra ? Rouge ou blanc ? ☺

Ne faisant pas de vin blanc, je dis sans hésitation : Rouge. Mais bien sûr il est très important de passer un moment convivial en amont de la course. La veille, ou quelques jours avant, pour finaliser la phase de préparation, resserrer les liens, la motivation, recentrer son équilibre et passer en mode : OBJECTIF ! Moi j’aime bien le faire autour d’un bon verre de vin mais, l’essentiel est de prendre le temps de le faire !

Crédit photo : Jordi Saragossa et Damien Rosso

1 COMMENTAIRE

  1. J’aurai dis rouge aussi !
    C’est bien pour dédramatiser et bien méditer sur ce qui nous y amène car c’est dans la tête que ça se joue.

    Je suis rassuré d’entendre parler du matos comme une base essentielle à maîtriser et s’approprier. Mes bricolages d’accros me semblent excessifs drs fois !

    Merci !

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