Mimmi Kotka pendant l'Echappée Belle 2020
Mimmi Kotka avant son abandon sur la Traversée Nord de l'Echappée Belle - ©Bruno Lavit

Présente sur la Traversée Nord de l’Échappée Belle le week-end dernier (87km & 6140m D+), la championne suédoise a été contraint à l’abandon. Un de plus si l’on peut dire, tant les derniers mois de sa carrière ont été un chemin de croix. Dans la foulée, celle qui vit désormais en France s’est livrée sur ses réseaux sociaux, brisant un tabou sur le surmenage que peut entraîner sa discipline. RED-S, ou déficit énergétique relatif dans le sport, voilà la cause du problème. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Sommes-nous tous concernés ?

Toujours parmi les meilleures côtes ITRA chez les femmes, Mimmi Kotka a régné sans partage sur l’ultra trail féminin pendant près de deux ans, entre sa victoire à l’UTMB 2016 (CCC) et celle au 90km du Mont Blanc 2018. Imbattable, ou presque, pendant cette période, la Suédoise s’est offert des performances incroyables, venant même concurrencer les hommes (3e scratch sur l’Ultra Race de la Maxi-Race 2018, 10e scratch sur la TDS 2017…).

Mais voilà, depuis son abandon à l’UTMB 2018, la machine semble s’être enrayée et celle qu’on savait vainqueure avant même le départ a dû se contenter de performances presque insignifiantes au regard de son niveau exceptionnel (6e au Grand Raid de la Réunion 2018, 13e au MIUT 2019, 20e à l’UTMB 2019, DNF à la Transgrancanaria 2020…).

Un cas isolé ? Pas vraiment…

Lorsque l’on prend un peu de recul sur les résultats en ultra trail ces dernières années, une chose est assez frappante : chez les femmes, on remarque une domination successive, souvent très marquée, mais assez brève dans le temps. Mimmi Kotka en est un exemple, mais avant elle Caroline Chaverot a elle aussi outrageusement dominé la discipline, tout comme Rory Bosio entre 2013 et 2014 (double vainqueure de l’UTMB avec le record de l’épreuve chez les femmes en 22h37). Aujourd’hui, Courtney Dauwalter semble avoir pris le flambeau.

Dans son post, Mimmi Kotka évoque d’ailleurs ce constat : « J’ai vu toutes mes héroïnes ultra-traileuses disparaître après des carrières incroyables, mais bien trop courtes. »

Le RED-S, une piste à explorer

Beaucoup d’hypothèses ont été faites sur les raisons expliquant la baisse de niveau chez les plus grandes ultra-traileuses de la planète. Mais pour Mimmi Kotka, la source du problème, chez elle à tout le moins, provient du RED-S, acronyme anglais pour « déficit énergétique relatif en sport ».

De quoi s’agit-il précisément ?

Le terme a été introduit par le CIO en 2015 pour décrire le déficit important d’apport énergétique par rapport à la dépense de cette même énergie. En clair : l’athlète se dépense tellement à l’entraînement et en compétition qu’il n’arrive pas à combler cette dépense par des apports suffisants.

Il faut bien garder en tête que chez un sportif, particulièrement chez une ou un ultra traileur de ce niveau, le corps a besoin de répondre à deux types de dépenses énergétiques : celle occasionnée par la pratique, mais aussi celle occasionnée par les besoins élémentaires du corps. En effet, même au repos, le corps dépense un certain nombre de calories pour faire fonctionner nos organes vitaux.

Cette problématique du manque relatif d’énergie en sport est sournoise puisqu’elle n’est pas forcément visible à court terme. C’est ce qu’explique Mimmi Kotka : « Je me rends compte que je manque de milliers de calories par semaine depuis des années. J’ai beaucoup de muscles, donc mon poids est resté normal, ce qui masquait le problème, mais mon taux de masse graisseuse était beaucoup trop faible. »

Pour répondre à ce déficit, le corps tente de compenser en puisant dans les réserves. La baisse du taux métabolique cache dans un premier temps ce manque d’apport énergétique, mais sur le long terme les conséquences sur la santé peuvent être sérieuses.

Qu’une athlète de ce niveau ose parler de cette problématique est une bonne nouvelle. Ce type de problème ne touche ni que les femmes, ni que les sportifs de haut niveau. 

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