Hardrock 100 Julien Chorier
© J.Saragossa

Cette fin d’année se finit sur une bonne note pour l’ultra traileur du Team Hoka. Julien Chorier a appris il y a quelques jours qu’il était tiré au sort pour participer à l’édition 2021 de la mythique Hardrock 100, aux États-Unis. Après deux annulations consécutives, cette course pourrait bien être l’une des plus excitantes à suivre l’année prochaine. Nous en avons parlé avec le Français, qui nous dévoile aussi, ses objectifs pour les mois à venir.

Vainqueur en 2011, puis deuxième en 2014 derrière Kilian Jornet, Julien Chorier peut se targuer d’être l’un des meilleurs connaisseurs de la Hardrock 100 en France. Cette course qui se déroule dans le Colorado chaque année au mois de juillet est certainement l’un des 100 miles les plus prisés, particulièrement en France où son parcours et son profil très montagneux conviennent bien à notre culture du trail. Trois Français ont mis leur nom au palmarès de l’épreuve, parmi lesquels Julien Chorier. Il vient d’être tiré au sort un peu à la surprise générale pour l’édition 2021. 

Comment as-tu appris la nouvelle ? La Hardrock était prévue au programme ?

Pas vraiment ! Il y a quelques semaines, j’ai vu sur Twitter que les organisateurs de la Hardrock 100 ouvraient quelques places au tirage au sort. Je me suis dit que ça ne coûtait rien d’essayer, tout en sachant qu’il y avait très peu de chances que je sois pris. Et puis, quand je suis allé voir après le tirage, les noms sélectionnés, j’ai eu la bonne surprise d’être parmi les tout premiers. Je suis vraiment chanceux avec cette épreuve, j’ai tenté 4 fois le tirage et j’ai été pris 3 fois alors que certains attendent pendant des années !

Il faut dire que la Hardrock 100 n’offre aucun passe-droit…

C’est vrai qu’aujourd’hui, sur quasiment toutes les courses sur la planète, soit grâce à votre renommée, soit grâce à votre côte ITRA, les athlètes « élites » peuvent postuler pour un dossard et pour beaucoup de courses il n’y a pas trop de problèmes pour en obtenir un (que les athlètes payent parfois cela dit). À la Hardrock c’est différent, il n’y a aucune faveur. Il y a simplement trois catégories : les « rookies », les « vétérans » (cinq participations ou plus) et ceux entre-deux. D’autant qu’il faut ajouter à cela le nombre très limité de dossards disponibles.

Ce contexte donne un caché différent à la course ?

Il est clair qu’être tiré au sort à la Hardrock 100 c’est quelque chose de particulier. La rareté du dossard rend la course encore plus excitante. On se sent privilégié d’avoir eu la chance au tirage et quelque part on ne peut pas se permettre de prendre cette course par-dessus la jambe.

Le parcours est très exigeant en plus de cela.

C’est certainement l’un des 100 miles les plus durs que je connaisse. Si on s’arrête sur les chiffres bruts, il y a autant de kilomètres et un peu plus de dénivelés que sur l’UTMB. Mais l’altitude rend la tâche beaucoup plus difficile. On navigue la majorité du temps au-dessus de 3000m avec des passages au-dessus de 4000. Le point le plus bas est à 2300m…et puis il faut combattre les éléments. C’est la nature sauvage, c’est un parcours très compliqué.

Profil tiré du site Openrunner

Comment on se prépare à une telle épreuve, notamment la gestion de l’altitude ?

C’est assez délicat, ici, en Europe, car on n’a peu d’endroits pour travailler en haute altitude. Pour ma part, j’ai travaillé avec Grégoire Millet qui est un grand spécialiste de l’effort en haute altitude. J’ai également passé pas mal de temps à Val Thorens pour essayer de m’habituer le plus possible pendant la préparation. Et puis enfin il y a la phase d’acclimatation avant la course, sur place. On peut essayer d’optimiser tous ces paramètres, mais il faut être conscient que ce sera très dur malgré tout.

L’interview de Julien Chorier après sa victoire en 2011, par le média US de référence, I Run Far

C’est une course qui te réussit. Deux participations, une victoire et une deuxième place. On peut difficilement faire mieux…

J’ai eu la chance de plutôt bien m’en sortir sur cette course. 2011, je gagne pour ma première participation, puis 2014 je finis derrière Kilian qui survole la course. Il était d’ailleurs d’une facilité déconcertante, c’était impressionnant de le voir évoluer sur ce parcours. J’étais revenu sur lui vers la mi-course, mais ensuite il a mis un coup d’accélérateur et il finit avec près de 2h30 d’avance…

Les écarts sont souvent importants sur cette course, comment tu l’expliques ?

Contrairement à l’UTMB par exemple, où la densité du niveau est monstrueuse, le système de tirage au sort qui n’offre aucune place garantie à qui que ce soit sur la Hardrock 100 conduit forcément à réduire le niveau global. Il y a souvent quelques coureurs un peu au-dessus, mais il y a rarement une densité très importante. C’est le revers de la médaille, mais cela n’est pas forcément un défaut, c’est juste une caractéristique de l’épreuve.

Tu ne seras pas le seul Français, François d’Haene sera également présent.

C’est super de pouvoir participer avec François pour qui ce sera la première participation. Mais il faut être réaliste, s’il arrive en forme il finira loin devant a priori. Après il y a toujours l’incertitude de l’ultra, mais en tous les cas je suis content qu’on se retrouve là bas !

Au-delà de la Hardrock, quels seront tes objectifs en 2021 ?

La Hardrock n’était pas prévue au programme, mais finalement, cela s’insère plutôt bien avec le reste de mes objectifs. Je repars sur le programme que j’avais imaginé pour 2020, avec quelques petits ajustements et tout en ayant en tête que cela peut bouger en fonction des annulations.

Si cela est maintenu, j’aimerais bien aller sur la Transgrancanaria en début de saison, puis enchaîner avec le MIUT à Madère, ou l’Ultra des Açores qui est au programme de l’Ultra Trail World Tour. Ensuite j’irai sur la Hardrock avant de finir par la Run Rabbit Run, encore aux US. 

La Run Rabbit Run, pourquoi cette course ?

Je suis un grand fan de l’esprit des courses américaines, je voulais retourner courir un 100 miles aux US depuis quelque temps. J’avais plusieurs idées, dont la Leadville et la Run Rabbit, et c’est Jason Schlarb avec qui j’ai couru à Oman en 2019 qui m’a conseillé d’aller sur cette épreuve. C’était à mon programme de 2020, mais finalement ce sera pour 2021 !

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