Golden Trail Series
© Golden Trail Series / Jordi Saragossa

La finale des Golden Trail Series était attendue. Et pour cause, étant l’un des rares événements de très haut niveau maintenus cette année, tous les regards étaient dirigés vers les Açores en cette fin octobre. Cinq jours intenses, dans des conditions météo dantesques. Et du spectacle. Voici les sept enseignements à retenir de cette édition 2020, qui pourrait bien en inspirer de futures.

1 – Un format inédit et haletant

N’y allons pas par quatre chemins : le format par étape choisi par les organisateurs pour cette finale des Golden Trail Series a été une franche réussite. Bien sûr, ce type de format n’est pas nouveau, loin de là. Mais dans un contexte aussi relevé, certainement.

Pour avoir suivi de près les Françaises et Français bataillaient tout au long de la semaine, l’aspect « classement général » a ajouté une saveur particulière à l’épreuve. Nicolas Martin, par exemple, expliquait dès le départ qu’il espérait gratter des places au général au fur et à mesure des jours, connaissant ses capacités à gérer l’effort malgré la fatigue. Au contraire, d’autres ont tenté le tout pour le tout sur un jour, malgré les conséquences que cela pouvait occasionner pour les jours suivants.

Autre réussite, les segments en montée, en descente et en sprint. Là encore, cela n’est pas une nouveauté (pensez par exemple à la Skyrhune), mais cela rejoint le constat global : le spectacle était au rendez-vous. Iris Pessey pour le maillot de meilleure grimpeuse ou Théo Détienne pour le maillot vert de meilleur sprinteur, qui ont tous les deux raflé la mise, se sont concentrés sur cet objectif en donnant tout sur le segment à chaque étape. La bataille pour chaque maillot a donné lieu à des matchs dans le match, ajoutant un intérêt supplémentaire.

Nul doute que ce format a séduit bon nombre de suiveurs, de traileurs, d’organisateurs, et il est fort possible que l’on revoie ce type d’événements dans le futur.

2 – Un système de qualification intéressant

Nous avions parlé de la qualification de Lucille Germain et Johann Baujard, tout deux vainqueurs du Golden segment Strava France, leur donnant un ticket pour les Açores. Ce système de qualification était pour le coup inédit, et amène une réelle plus-value. Si on a pu entendre quelques critiques, aux US notamment, sur le choix des segments et leur localisation (la critique portée surtout sur l’inégalité entre un coureur habitant proche d’un segment, et un autre devant faire un long déplacement pour tenter de battre le record), ce système de qualification présente plusieurs avantages. 

D’une part, contrairement à une course, il permet de choisir les conditions de sa tentative : heure de départ, jour (en fonction des conditions météo notamment). Il y a un aspect « optimisation » qui est intéressant. Ensuite, un athlète peut avoir plusieurs tentatives. On peut rétorquer qu’un champion se doit d’être présent le jour J. Mais lorsqu’on met tant d’effort à l’entraînement, un pépin le jour de la course peut être perçu comme une forme d’injustice.

3 – Un niveau jamais vu

La présence de Kilian Jornet aurait été la cerise sur le gâteau, mais jamais une course n’aura eu une telle densité de niveau. Il faut reconnaître que ce circuit des Golden Trail Series a réussi, en trois années d’existence, à rassembler les meilleurs coureurs sur format court lors de quelques épreuves dans l’année. Mais cette finale aux Açores a encore franchi un pas supplémentaire, ceci étant du, peut-être, à l’annulation d’autres événements il est vrai. Sur une saison « normale », il est peu probable notamment que Jim Walmsley eut été présent.

Aussi bien chez les femmes que chez les hommes, le niveau était tout bonnement impressionnant, donnant d’autant plus de valeur aux résultats de chacun.

© Golden Trail Series / Philipp Reiter

4 – Frédéric Tranchand confirme 

Il y a encore quelques semaines, personne ou presque ne connaissait Frédéric Tranchand parmi les traileurs. Le Français brille depuis plusieurs années sur les compétitions de course d’orientation, mais il n’avait quasiment jamais épinglé de dossard en trail. Et puis, le voilà deuxième meilleur temps 2020 à Sierre-Zinal, juste derrière Kilian Jornet. Quelques semaines plus tard, il enchaîne avec une magnifique victoire à la Skyrace des Matheysins. On était impatient de voir ce qu’il serait capable de faire sur une telle épreuve. Nous n’avons pas été déçus.

Une victoire d’étape (la première), une régularité dans la performance lui permettant de finir sur le podium au général, Frédéric Tranchand a confirmé tout son talent. On ne sait encore s’il prévoit une saison 2021 en trail, mais si tel est le cas, il pourrait encore faire des ravages.

© Golden Trail Series / Jordi Saragossa

5 – Des Français aux avant-postes

La délégation française s’est distinguée sur les sentiers boueux des Açores. En plus de Frédéric Tranchand, dont nous venons de parler, il faut souligner la superbe 3e place au général de Blandine L’Hirondel, qui termine à 15′ de Maude Mathys. Par ailleurs, deux maillots distinctifs reviennent à des tricolores, Iris Pessey pour celui de meilleure grimpeuse et Théo Détienne pour celui de meilleur sprinteur. 

Notons également les nombreuses places d’honneur : Camille Bruyas prend une superbe 6e place au général, elle qui est pourtant plus habituée aux distances longues. Derrière elle, Audrey Tanguy finit 10e, Mathilde Sagnes 11e, Myriam Guillot-Boisset 13e, Lucille Germain 16e à 22 ans à peine. Chez les hommes, même chose avec le trio Nicolas Martin, Thibaut Baronian et Johann Baujard qui terminent respectivement 9e, 10e, 11e du général. 

6 – Bart Przedwojewski : la consécration

Son nom imprononçable était déjà bien connu. « Bart », comme on l’appelle, a démontré une nouvelle fois son immense talent. S’il était attendu parmi les favoris, on ne l’imaginait sans doute pas dominer la course comme il l’a fait. Vainqueur du classement général avec une impressionnante facilité (plus de 7′ d’avance sur le deuxième, un certain Jim Walmsley), il remporte également deux des quatre étapes et termine deuxième des deux autres. S’il avait déjà brillé sur les épreuves du Golden Trail Series (3e du Marathon du Mont-Blanc 2019, 2e de Zegama 2019, entre autres), cette semaine aux Açores reste sans aucun doute la plus belle de sa jeune carrière (le Polonais n’a que 27 ans).

© Golden Trail Series / Jordi Saragossa

7 – La diffusion live a de l’avenir

Enfin, concluons sur la diffusion de l’événement, et particulièrement sur le live mis en place lors du prologue. Si cela fait plusieurs années que la retransmission d’événements de trail, en live, existe (UTMB, Marathon du Mont Blanc, et d’autres encore), cette année 2020 a donné lieu à un développement inédit. Échappée Belle, Skyrace des Matheysins, Ultra Trail des montagnes du Jura, plusieurs événements ont tenté l’expérience. 

Le prologue de cette finale des Golden Trail Series aux Açores a également proposé un live animé par Martin Gaffuri, qui est également aux manettes pendant l’UTMB. Ce type de diffusion tend à se généraliser pour les événements majeurs, et nul doute qu’on en verra de plus en plus dans les années à venir.

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