Ultra Trail World Tour virtual races
© Ultra-Trail® World Tour

Alors que se profile l’un des derniers, et l’un des seuls, grands rendez-vous de la saison de trail, la finale des Golden Trail Series aux Açores, depuis quelques mois, de nouveaux événements se multiplient : les courses connectées. Alternatives aux rassemblements populaires que l’on connaît habituellement, ils présentent l’avantage de contourner les interdictions du fait du contexte sanitaire. Dans le flou qui entoure l’avenir proche, on peut s’interroger sur l’ampleur que prendront ces nouveaux événements.

Il y aura peut-être d’ici quelques mois, un vaccin efficace permettant de lutter contre la pandémie mondiale que nous connaissons. Alors, le monde d’avant, celui où tous les week-ends, un peu partout dans l’Hexagone et dans le monde, des événements de trail ont lieu dans la joie et la bonne humeur se mettra en marche, de nouveau. Mais qu’on ne l’oublie pas : la période que nous vivons aura eu raison de bon nombre d’événements, qui ne verront plus jamais le jour. Bien sûr, d’autres naîtront, et parmi elles, les courses connectées pourraient bien avoir une place importante.

Face aux annulations en cascade, les courses connectées comme refuge

Attendons que l’année se termine pour avoir des chiffres clairs sur 2020, mais une chose une déjà certaine, le nombre d’événements annulés sera astronomique. Premiers touchés, les petits événements qui n’ont eu les moyens financiers et humains de surmonter l’épreuve des nouvelles règles sanitaires (bien que la mise en place d’un protocole strict ne suffise souvent pas). Florent Hubert, à la tête de l’organisation de l’Échappée Belle et du Grand Trail du Lac, nous l’expliquait en août dernier, peu avant la course dans le massif de Belledonne.

Pour beaucoup de courses, les organisations ont été pris de court, ou n’avaient pas les moyens de prendre toutes les dispositions que l’on a pu prendre

Florent Hubert, président de l’association Echappée Belle

Autres victimes, les « grandes » courses, comme l’UTMB, le Grand Raid de la Réunion, la Maxi-Race, les Templiers et récemment la Saintélyon (pour ne parler que du contexte franco-français), qui ont dû faire face à la problématique du nombre. Comment organiser des événements de masse dans un tel contexte sanitaire ? La situation semble inextricable. Et lorsque l’on parle de ces événements, il s’agit bien souvent d’organisations privées, qui doivent faire des bénéfices pour continuer d’exister. Ces grands événements, pour subsister, sont les premiers à devoir trouver des solutions alternatives. Il n’est alors pas étonnant que ce soit à eux que l’on doive les initiatives de courses connectées. Pour autant, il s’agit principalement, pour l’instant du moins, de maintenir un lien avec la communauté de traileurs, et non d’un enjeu économique à court terme. Mais le mouvement est intéressant à observer.

L’UTMB a été l’un des premiers à dégainer avec UTMB for the Planet, présenté comme un « rendez-vous digital, solidaire et sportif« . L’inscription était gratuite, mais les participants avaient la possibilité de faire un don pour le Fond Mondial pour la Nature, partenaire de l’événement. Même initiative au sein de l’Ultra Trail World Tour qui vient de lancer un circuit « virtuel ».

Les courses sur route ont pris le même chemin, comme les 20km de Paris qui ont proposé une participation « virtuelle » – chacun réalisant 20km où qu’il se trouve – en soutien cette fois à l’Institut Pasteur. Cette fois-ci, autre stratégie puisque l’inscription était payante (3 packs étaient proposés, de 15€ à 54€), mais les coureuses et coureurs inscrits recevaient une médaille, un t-shirt, et une partie de l’inscription était reversée à la fondation française.

Strava, le nouvel acteur inattendu

Dans ce nouveau contexte, la plateforme Strava, bien connue de la communauté de traileurs, a pris une place particulière, insoupçonnée même. En croissance constante, malgré les évolutions récentes du business modèle qui n’ont pas plus à tout le monde, Strava est devenue un outil au service de ces événements connectés. Quand il devient impossible de rassembler du monde au même endroit, pourquoi ne pas les rassembler grâce à la plateforme qui les unit dans leurs activités quotidiennes ? 

Strava n’est plus qu’un simple lieu de partage de ses sorties et de ses entraînements. Elle est devenue au fil des années une forme de tampon validant telle ou telle performance. Même chez les sportifs élites (aussi bien en trail, en course à pied ou en vélo), où il existait pourtant une culture du secret, Strava se généralise. Même Kilian Jornet, qui ne poste aucun de ses entraînements ou presque, rend publics ceux dont il parle sur ses réseaux sociaux comme s’il fallait montrer une preuve de ce dont il parle.

Strava a servi, grâce à ses segments, de créer des courses virtuelles pour les qualifications à la finale des Golden Trail Series

Ainsi, Strava est aujourd’hui utilisée comme outil pour valider les FKT (Fastest Know Time, ou record sur un parcours donné), et les événements qui lancent des courses connectées l’ont très vite adopté. C’est le cas, jusqu’au 1er novembre, du Festival des Templiers, pour leur opération « L’automne des Templiers« . C’est également le cas des Golden Trail Series qui ont utilisé Strava pour réaliser les sélections pour la finale aux Açores (les meilleurs temps femme et homme sur chacun des segments créés pour l’occasion obtenaient une invitation pour la finale). 

Courses connectées, « off », le monde du trail en mutation ?

Plus globalement, on peut s’interroger sur le devenir des événements de masse que l’on connaissait jusqu’à présent. Difficile de prévoir un retour, ou non, à la normale lorsque (si) un vaccin est trouvé. L’UTMB, les Templiers ou le Grand Raid de la Réunion continueront de faire le plein, sans aucun doute, tant la demande est grande. Mais, on peut tout de même s’interroger sur l’évolution des comportements et des envies des traileuses et traileurs. 

De plus en plus d’entre eux semblent intéressés par des projets « off », notamment, même chez les élites de la discipline. Et si l’année 2020 a été particulièrement chargée en la matière, ce qui peut aisément être corrélée à l’absence de courses, la tendance est antérieure à la pandémie. François d’Haene va de nouveau s’élancer dans quelques jours sur un projet en Bretagne, lui qui se lance des défis personnels depuis plusieurs années déjà. Si tout le monde du trail espère un retour à la normale en 2021, il sera intéressant d’observer ce que cette période aura laissé derrière elle aussi bien de façon tangible (disparition de courses, multiplication des événements connectés) que dans les tendances de fond.

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